Enfant, j’ai souffert d’eczéma. L’eczéma est une inflammation de la peau qui s’accompagne de rougeurs, de fines vésicules et de démangeaisons dont les symptômes s’aggravent lors de périodes appelées « poussées d’eczéma ».
Les symptômes se sont réactivés à certains moments de mon adolescence et de ma vie de jeune adulte.
Cette souffrance m’a permis de me réaligner sur le chemin de mon âme.
En mettant mes mains au service de la guérison et de la création, je n’ai plus souffert d’eczéma.
Il y a quelques années, j’ai éprouvé le besoin d’exprimer ce que je ressentais lors des poussées d’eczéma afin de soutenir la résilience de cette souffrance passée.
Eczéma.
Barrière entre le monde extérieur et intérieur, ma peau me fait terriblement mal.
Véritablement en crise, je cherche alors en mode panique, tout moyen de soulager la démangeaison. Je gratte avec mes ongles, je frotte ma peau sur mes vêtements, sur les draps, j’entoure mes mains de la bande de gaze qui est censée les protéger. Menottée à la souffrance, je serre jusqu’à me sentir anesthésiée, et dans ces moments furtifs je ne sens alors plus la douleur. Mais comme l’évasion d’une bouffée d’opium, la douleur en est décuplée dès que la trêve est levée.
Il me semble que je bataille contre mon être et que ma peau est ma prison dont nulle issue n’est possible dans ce corps à corps acharné. La douleur toujours l’emporte et l’angoisse de la prochaine poussée reste latente comme si je guettais l’arrivée de mon geôlier.
Dans ce corps à corps terrible avec moi-même où mes ongles sont les griffes et où mes mains sont la proie, je suis à la fois l’agresseur et l’agressé, le bourreau et la victime.
Plus je gratte et plus je me fais mal. Plus j’ai mal, plus cela me soulage. Comment qualifier cette douleur qui est à la fois la cause et l’effet, l’exutoire illusoire au travers duquel ma peau saigne ma torture intérieure ? Cercle vicieux qui m’enferme à chaque fois davantage, étau qui se resserre et désarroi qui grandit.
J’ai envie d’arracher cette peau brûlée à vif, qui suinte et qui pleure.
Le regard que je porte alors sur moi et le monde est cruel.
Double peine pour une condamnée à vivre.
Isolement de l’extérieur par le regard rempli d’incompréhension que je porte sur le monde qui m’entoure. Isolement par rapport à mon propre monde intérieur en bataille. Quelle issue possible à cette errance dans une indicible souffrance ?
Tel est mon chemin de croix. Mon propre corps est le bûcher de mon âme. Ma peau me brûle et je me consume en poussant des cris déchirants qui résonnent dans le vide. Je suis mon propre bourreau et j’observe avec horreur ce qui se produit, impuissante à arrêter ce carnage.
La douleur est parfois tellement vive que je défaille et il me semble par instant perdre connaissance, emportée dans un état second où le mal fait du bien.
Certainement qu’alors des anges se sont posés sur moi pour m’envelopper de l’amour que je ne savais pas me donner.
Car c’est bien un chemin d’amour que cette maladie m’a intimé d’entreprendre. Un amour de soi véritable, pour reconnecter à mes dons et me pousser à les exprimer.
Ainsi le corps qui me tenait prisonnière est devenu le temple de mon expression unique. Mes souffrances sont devenues mon potentiel de transformation et de guérison qui se concrétise dans mon activité de thérapeute.
L’art est devenu mon remède, et la création a été l’ouverture sur le monde qui m’a permis d’honorer la vie et de donner un sens à la mienne.
Je n’ai pas réussi à déterminer le déclencheur des crises ; une angoisse certainement, une douleur à vivre et à ne pas savoir l’exprimer autrement. En tout cas, j’ai réussi à en sortir.
Ainsi, je vis avec le souvenir latent de ce trauma. Il me permet de rester vigilante et lorsque des poussées d’eczéma se sont manifestées, épisodiquement, j’y ai vu le signal que je devais modifier un paramètre de ma vie pour me redonner naissance par rapport à là où j’en étais.
Je remercie mon corps qui, par la souffrance profonde qu’il a générée, cherchait à me dire alors « aime-toi et autorise-toi à rectifier ce qui doit l’être pour exprimer ta vie en harmonie avec les désirs profonds de ton âme ».
Véronique
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Bonjour Véronique,
J’ai moi aussi beaucoup souffert d’eczéma, dans tous les plis lorsque j’étais bébé puis enfant, et au niveau des mains une fois adulte.
J’ai essayé de nombreux moyens : cortisone bien sûr, cures thermales, puvathérapie…
Ai eu la chance qu’il finisse par passer, avec des prises de conscience pour moi aussi, même si elles n’ont pas eu lieu par le biais de l’art.
Je me suis terriblement reconnue dans tes descriptions de bourreau-victime et de cercle vicieux.
Merci pour cette mise en mots de tes maux passés (mais gravés dans ta mémoire).
J’ai oublié de préciser mon prénom : Isabelle.
Nous nous sommes rencontrées l’été dernier lors du stage sur l’alchimie de l’amour.
Merci Isabelle,
Oui bien sûr je me souviens de toi.
Écrire est libérateur aussi, comme toute expression de soi.
Le symptôme est l’expression d’une énergie bloquée. Lorsqu’on guérit, cette énergie est libérée et disponible pour de nouvelles réalisations.
Bravo à toi aussi pour ton chemin de compréhension et transformation.
Ce texte est magnifique Véronique.
Merci de nous rappeler que notre corps exprime nos souffrances les plus profondes. Merci de nous parler de ton propre chemin et de la vigilance qu’il convient de conserver, avec humilité et confiance…
Gratitude pour ce que tu as mis en place avec tant de sensibilité et d’intelligence.
Merci d’accueillir cela.
La vie est une expérience de cohérence qui nous guide sur le chemin de notre âme.